Cette nuit, la lune est rousse. Rousse comme moi, rousse comme mes amies. Et elle embras(s)e le ciel.
Quelque part, au loin, il y a la guerre, et la lune rouge éclaire les rues pavées de sang, et toutes ces vies détruites pour rien.
Je me demande si on peut rouler en feu de route, dans mon village, et aussi, pourquoi on éclaire une route jamais empruntée la nuit. Des chats se battent, et leurs cris ressemblent à ceux d'une âme que l'on brise en la violant. Les chats se battent, les hommes se violent, les esprits se perdent.
J'ai souvent déclaré avoir peint la nuit en sombre, tout comme Koma, en rêvant d'un corps crucifié, mais cette nuit, je ne l'ai pas peinte, elle est vraiment trop belle pour être mon œuvre. Je rate tout ce que j'entreprends. Et je suis celle qui va mourir. Comme vous.
J'entends les détonations de ce pays en guerre, si loin, si proche, mais les détonations sous ma fenêtre sont celles de pétards de joies. Ici, on fait la fête, là-bas on meure. Demain, se sera le tour d'un millier de personne, et j'en ferais peut être parti, peut être pas.
Je devrais dormir, mais je n'en ai pas la force. Mon dos me fait mal, et j'ai les oreilles qui bourdonnent. Les chats ont fini de violer ma princesse imaginaire. Ah, ma putain aux yeux dorés, rousse comme la lune...
Je suis seule ce soir, parce que mon amour dors, mon Ange ne m'écris plus, mes frères rêvent, et ma putain, où est-elle ? Je crois qu'elle s'est encore perdue dans les ruelles sombres de Paris. Surement cherche-t-elle encore une bouteille, un bar ouvert à cette heure tardive, ou
un homme pour la bourrer. Ma putain aime bien danser sous le feu de la lune.
Je vais aller danser aussi. A 06.00, j'irais dormir, et ensuite, promis, je m'éteindrais.
Bonne nuit mon Amour. Bonne nuit mon Ange. Bonne nuit mes frères. Bonne nuit ma chérie.
Au revoir.
