La nuit, en fumant ma cigarette, j'aime bien regarder le ballet des insectes autour des lampadaires. Je me perds dans la contemplation de ces êtres nocturnes qui ne vivent que pour cette triste lumière artificielle.
J'aime aussi regarder la danse sensuelle des chauves-souris. Est-ce une course poursuite, ou une valse d'amoureux ? J'entre aperçois leurs formes gracile, lorsqu'elles passent prêt d'une fenêtre éclairée, dans la nuit sombre. Leurs ailes délicates leur donnent la chance de pouvoir voler dans l'obscurité, au gré de leurs envies.
Ha, ces chères folles, comme elles ont de la chance d'être libres ! J'aimerais, comme elles, pouvoir étendre les bras et me jeter dans le vide. Ne plus respirer, en sentant mon corps chuter vers le béton, puis me redresser au tout dernier moment. Un saut de l'ange qui ne serait pas unique. Pouvoir sentir la caresse du vent nocturne, seule humaine volant dans la nuit silencieuse. Et pouvoir enfin vider mon esprit de toutes mes pensées négatives.
Et partir. Oui, j'y pense de plus en plus, comme il y a quatre ans. Prendre un sac, et partir seule, voir si l'herbe est vraiment plus verte à coté, et si les filles sont vraiment prêtes à tout pour un peu de plaisir. Marcher toute la journée, moi qui ne suis qu'une larve, et garder mon argent pour des cigarettes et un morceau de pain. J'ai vraiment envie d'essayer, voir ou cela me conduirait. Mais pour faire cela dans les règles de l'art, il faudrait prévenir mes parents, et ce n'est pas le but ici.
Le temps à déjà passer, il m'en reste des décennies à écouler, alors, je verrais bien, peut être dans deux ans, peut être plus tard. Pour l'instant, je voudrais juste oublier qui je suis, en me perdant dans le ballet des chauves-souris.
à 11:55