Il se pencha sur l'adolescente. Leurs
lèvres s'effleurèrent, mélangeant le violet et le noir qui les
peignaient. Il posa une de ses mains sur la frêle épaule, et la
demoiselle se haussa sur la pointe des pieds, pour entourer son cou.
Ils restèrent ainsi, les lèvres juste posées les unes sur les
autres, accrochés l'un à l'autre.
Au bout de quelques instants, il prit à
son tour l'adolescente dans ses bras, en la soulevant de terre. Elle
lui parut une fillette, légère comme l'air, douce comme une pêche,
avec sa façon anodine et timide de l'embrasser, en détachant et en
scellant leurs lèvres par petits à-coups. Il avait toujours embrassé des femmes,
qui connaissaient l'amour corporel, sexuel, mais jamais une enfant
de quinze ans. Il la reposa au sol, se sépara de ses
lèvres, et la fixa dans les yeux.
Elle était jolie, sans contestes, mais
d'une beauté encore emprunte d'innocence enfantine, qu'il se savait
capable de briser en une seconde. Ses cheveux blonds délavés
descendaient jusqu'au milieu de son dos en une lente cascade ondulée,
cachant à moitié des yeux verts, ou peut être gris, par une mèche
rebelle qui retombait en pluie fine sur le haut du visage. Sa bouche,
délicate et pleine, portait maintenant un mélange de rouges à
lèvres, qui était un violet sombre à l'origine. Un cou fin et
gracile portait l'adorable bouille de la jeune fille, et il eu envie
de le mordre à sang dés qu'il le vit. Une poitrine discrète se
dissimulait sous de la dentelle, des froufrous futiles et un peu de
tissu ressemblant à du satin, retombant en une robe noire sur des
jambes blanches, couvertes par des bas déchirés.
Il pensa à son propre corps, son
instabilité capillaire, en ce moment longs -il passa sa main sur son
crâne pour vérifier- ses cicatrices, au nombre de
quatre-cent-cinquante, ses tatouages, nombreux, sa lentille blanche à
l'œil gauche, son maquillage. Il avait une allure assez effrayante,
à vrai dire. Mais cela importait peu, apparemment, car la jeune
fille se hissait sur la pointe des pieds pour l'embrasser à nouveau.
Il lui offrit ses lèvres.
Elle ouvrit les yeux, en grand, de
douleur. Il vit dedans, que l'innocence avait disparu. Il connaissait
cette douleur, affreuse, immense, due à la défloration, pour
l'avoir vécue durant une relation homosexuelle. Il s'arrêta un
instant, la laissant s'habituer à cette chose, remplissant
entièrement son petit corps. Elle semblait tenter d'oublier la
douleur, en passant ses doigts sur chaque cicatrices qu'elle voyait
ou devinait, faisant passer ses membres glacés en une caresse
aphrodisiaque. Il soupira, en entourant le cou blanc de sa main. Il
serra, et sentit le petit corps se tordre sous lui, réagissant au
toucher subtil, s'apprêtant au pire. Sa main caressa la gorge,
descendit vers les seins, sur lesquels elle passa trop vite, et
s'étendit sur le ventre. Cette relation n'était pas douce, ni
tendre, encore moins amoureuse. Elle était simplement destructive,
meurtrière, et les deux corps le savaient parfaitement. La jeune
fille bougea sous lui, et soupira. Il reprit un mouvement lent,
serrant toujours la gorge d'une main, écrasant la demoiselle sous
son poids, sous sa supériorité, sous sa célébrité, et ses
quarante ans.
Bordel, il se mettait à être
pédophile !
En dessous de lui, la petite ondulait
du bassin, soupirait. Elle se savait fille d'une nuit, elle savait
qu'elle offrait sa première fois à quelqu'un qui n'était pas si
important. Pourtant, elle n'avait pas l'air de vouloir regretter ce
stupide choix. Elle grogna de douleur lorsqu'il y eut un coup de rein
plus puissant, se tortilla en grimaçant, planta ses ongles dans les
côtes de l'homme. Il trouva la réaction amusante et recommença.
Cette fois ci elle hurla de douleur, car il y avait été bien plus
fort. Il décida de calmer son petit jeu, il ne devait pas la
dégouter des rapports sexuels, car elle avait l'air plutôt douée,
et aurait très bien pu devenir une pure garce, faisant se courber
les hommes à ses pieds. Il regarda les ongles noirs dans ses côtes,
qui commençaient à laisser de sérieuses traces, et s'excusa, avant
d'embrasser les lèvres et le cou de l'adolescente. Il aurait tout
son temps après, pour l'amour décadent.
Il arrêta tout mouvements, lâcha le
cou gracile, et déposa une multitude de baisers papillons sur le
visage, le cou et la poitrine de la demoiselle. Sa respiration
s'accéléra, elle commença à respirer plus fort, et il comprit
qu'en reprenant doucement, il pourrait lui faire aimer le sexe.
Il se retira de son corps, en lui
annonçant qu'ils allaient recommencer, et que si ça n'allait
toujours pas, il aviserait. Il lui écarta un peu plus les jambes, la
caressa, en la regardant droit dans les yeux. Ses mains passèrent
sur le sexe humide de sa jeune partenaire, ses doigts frôlèrent
l'entrée. Elle ferma les yeux, et il entra deux doigts, très
lentement. Dés qu'il sentit qu'elle se crispait, il arrêta le
mouvement, resta en place. Elle s'habitua plutôt vite, et il imprima
un léger va-et-viens aux deux doigts cachés. Au bout d'un petit
laps de temps, elle gémit vraiment. Il continua jusqu'à ce qu'elle
dise d'elle même qu'elle se sentait prête, en ponctuant ces
caresses par quelques baisers.
Il la prit dans ses bras, pour la
première fois depuis longtemps, il eu un geste protecteur, doux. Il
la serra, en caressant ses cheveux de la main gauche, en bougeant le
bassin contre le sien, pour ne pas qu'elle perde l'envie. Il embrassa
encore sa gorge résistant toujours à l'envie de mordre le cou
diaphane, et ne fit qu'un avec elle. Elle ne se tendit presque pas,
et il démarra immédiatement les va-et-viens, avec un sentiment de
première fois, avec une espèce de sentiment nouveau coincé dans la
gorge. Ses caresses, ses mouvements, ses baisers étaient plus doux
qu'à l'accoutumée, plus tendre. Il souhaitait plus qu'avec les
femmes, il aurait voulu que cette fille cria son nom, son véritable
nom, et qu'elle le cria comme jamais elle ne le ferait plus. Sa main
caressait la poitrine sans prétention, s'émerveillant de sa beauté
simple, admirant les courbes encore enfantines qui ondulaient sous
lui.
Il comprit, lorsqu'il la reprit dans
ses bras, ce qui lui arrivait. Il se souvint de ce sentiment qui lui
avait détruit le cœur, au lycée, de la robe blanche flottante qui
l'avait anéanti. Les frottements des deux corps lui faisait du bien
comme jamais, et la petite semblait apprécier aussi. Elle avait
agrippé l'homme au dessus d'elle, le serrait fort en poussant de
petits cris. Les deux corps s'enlaçaient, ne faisant qu'un,
partageant même leur pensées, seul le nom changeait. Il s'étonnait
de tenir aussi longtemps, se surprenait à se retenir, pour qu'elle
puisse atteindre le septième ciel avec lui, voyait ses mains
caresser le corps délicat, tandis que sa bouche se repaissait de la
gorge douce.
De nouvelles paroles venaient à son
esprit, des chansons plus déconcertantes encore que les précédentes,
plus choquantes, surtout, mais teintées d'un sentiment qu'il croyait
perdu à jamais. Il se voyait déjà lui demandant de ne pas briser
son cœur, de laisser à son corps la possibilité de revenir en
elle, de pouvoir à nouveau se sentir entier. Il se sentait capable
de l'épouser, quitte à se prendre encore un procès, il n'était
plus à un prés. Et que soient maudites toutes ses règles qui
empêchent l'amour, puisqu'il fallait appeler le mal par son nom. Il
imagina la demoiselle dans la robe qui se devait blanche, dans
quelque trois ans, lui, avec un de ses costumes étranges, et le
pasteur. Il imagina la nuit nuptiale, plus belle encore que celle-ci,
il imagina les concerts ou il pourrait chanter pour elle, autant que
pour son public habituel. Il était vraiment heureux que les vigiles
ne l'ai pas vue se faufiler vers sa loge, ce soir là. Il l'imagina
aussi sur scène, dansant dans une robe à froufrous de dentelle,
légers et doux, il imagina les caméras braquées sur eux. Un
mariage qui n'aurait pas lieux à Las Vegas, la ville des mariages
éphémères, il se le promit.
Leurs cris mêlés le firent revenir à
la réalité. Pour l'instant, il était pédophile, en plus d'être
soupçonné violeur, fou et maître de cérémonie sataniste. Il
profita encore plus, son âme, pour peu qu'il en posséda une,
semblait à des milliards d'années lumière de là, il ne sentait
que le plaisir. Ce plaisir. Celui qui le submergea lorsque sous lui,
la jeune fille hurla son nom. Pas celui de scène, le vrai. Elle
continua à murmurer quelques Brian, tandis qu'il s'effondrait à ses
côtés. Ils se lovèrent l'un contre l'autre, et ils sombrèrent
dans un délicieux sommeil, tandis que leurs cœurs reprenaient un
rythme lent et régulier.
Don't break, don't break my heart...