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Les idées éparpillées

Je ne l'ai jamais fait les yeux bandés. Je ne l'ai jamais fait dans un lieux public. En fait, je n'ai jamais vraiment rien fait d'extraordinaire.

J'ai le coeur en confettis et les idées éparpillées, parce que quand les gens ne me prennent pas pour une salope, ils me prennent pour une conne. Et qu'en fait, je suis un ersatz. 

Tu vois, en fait, je suis l'amie qu'on se tape quand celle qu'on aime refuse. Et il est théoriquement impossible que je refuse.
Alors, quand je le fais, je suis qu'une sale petite conne capricieuse.

Et puis, les discours sont blessants. "Non, je t'assure, je ne ferai jamais ça !". Ajoutez une dose de dégoût dans le "ça". Ajoutez une dose de dégoût aux regards qu'on me lance.

Mais moi, tu sais, tout au fond, j'ai juste envie de me sentir désirable, j'ai juste envie d'être embrassée doucement sur le front, avant qu'on me souhaite bonne nuit. Je voudrais juste sentir un corps chaud éloignant mes cauchemars.

Et  l'image qu'ont les autres de moi se reflète dans le miroir. En face de moi, de l'autre coté, il y a une fille au teint cireux, avec d'énormes cernes qui coulent sur ces joues. Elle a les cheveux tirés en arrière, et un peu gras. Elle regarde le néant, et dans ces orbites, on voit bien qu'elle s'ennuie à mourir.

Quand tombe la nuit, je fais danser mes doigts sur mon corps, et je me déshabille en imaginant que quelqu'un m'attend quelque part, qu'il regarde en réchauffant le lit. Avant d’accueillir mon corps. Mon corps qui se couvre de plaies et de bleus, parce que je ne fais pas attention. Mon corps bronzé, comme salit par les UVB cancérigènes. Mon corps que je lave le matin, sans rien faire d'autre.

Je ne me sens pas femme. En fait, je ne me sens pas du tout, je ne me sens rien. Un gros vide. Un peu comme dans ce sketch de P. Desproges ou Dieu va consulter Freud.
Je suis vide, c'est comme si je n'existais pas.

J'ai une vague dans l'âme et le Prince n'existe pas.
Est ce que je dormais aussi mal avant ces médicaments ? Est-ce que j'oubliais autant de choses ?

C'est pas important. Ça ne l'est plus.

Et mes doigts dansent sur mon ventre, ils caressent la peau douce et pâle, ils cherchent un endroit chaud ou se blottir. Parce que mes doigts sont orphelins de chaleur.
La protubérance d'un sexe masculin sous ma main me rassure, quand je m'endors.
Je n'ai jamais vu la célèbre érection matinale. Mais quand je me suis réveillée chez T, la plupart des garçons avaient la braguette grande ouverte.
Est ce que tout mes potes sont bien fait ? Est ce que ça se fait de se poser ce genre de questions ?
Je n'ai jamais vraiment vu  de sperme. Et je me sens vraiment seule dans mon corps.
Un jour, je tomberai enceinte, et j'aurai très très peur.

Je le sais déjà.

Parce que ça doit être effrayant de se réveiller, de ne pas avoir ses règles, et de sentir une toute petite vie grandir en soi, et dépendre de nos actes.

S'il te plait, j'ai très peur. Viens dormir avec moi.
Ecrit par Lady M, le Samedi 13 Août 2011, 01:04 dans la rubrique "Histoires et Pornographie".