La page blanche.
Les couleurs défilent devant mes yeux. Le noir est un ensemble de taches de couleurs chatoyantes, qui se noient les unes les autres.
Quand je ferme les yeux, ces taches redeviennent elles. Du rouge ici, du vert en grande quantité, du marron.
Et puis, il y a les yeux. Ses yeux qui me fixent dans mon sommeil. Avec leurs mains baladeuses.
Je me pelotonne le plus loin possible du vide, je me colle au mur de mon lit. Dans le coin, serrée et essoufflée, j'attends. J'attends le moment ou elles arriveront. Et soudain elles sont la. Elles passent sur ma couverture, elles caressent, tâtent. Ou suis-je cachée aujourd'hui ?
Ma poitrine se serre, je ne respire plus. Elles ne doivent pas m'entendre, elles ne doivent pas me sentir. J'interdis à mon coeur de battre : il ferait trop de bruit.
Mais elles me trouvent toujours. Elles me touchent, me caressent, et moi je tente de leur échapper. M'enfuir de leur attouchements. Elles touchent même mon visage. Et, paralysée par la peur, je ne peux que pleurer, en tentant d'être le moins bruyante possible. Si elles me pensent endormie, peut être qu'elles partiront.
J'ai peur de la nuit noire.
Mais je déteste mes longues nuits blanches.