La musique est transcendantale.
La musique est transcendantale parce qu'elle fait partir le corps, et l'esprit se libère.
J'ai 20 ans. Comment je me sens ? Pas invincible pour un sou. Toujours aussi perdue. Toujours aussi faible. Toujours aussi démunie.
Je l'ai revu. On a encore couché ensemble. Et le lendemain, nouvelle averse de haine. Comment peut-on embrasser quelqu'un et l'insulter ensuite ?
Quand son corps claque contre le mien. Il vient tout au fond. C'est un mélange de douleur et de plaisir. Un mélange de haine et d'amour. Il me prend en me tirant les cheveux pour dégager mon cou. Il laisse de nouvelles marques. Il me retourne sèchement, fait claquer ses testicules sur mon corps. Il tient mes hanches et enfonce ses ongles dedans. Il passe son doigt sur moi, me pénètre. Il dit qu'il m'aime, qu'il est malheureux avec moi, qu'il regrette de tromper sa copine, qu'il n'y peut rien, qu'il est perdu. Il dit qu'il ne m'en veut pas, qu'il ne peut pas résister à ce corps de poupée de porcelaine.
"Des noms invraisemblables pour des gens
Qui existent vraiment.
Comme si tu ouvrais le ventre d'une poupée de chiffons
Et que tu trouvais à l'intérieur :
De vrais intestins, de vrais poumons,
Un cœur qui bat. Du sang.
Beaucoup de sang chaud et collant."
A l'estomac - Palahniuk
Voilà ce que je suis et ce que j'ai toujours été. Une vulgaire poupée, toute emplie de sang et de vrais organes. Entre ses bras, c'est plus que vrai.
Mais il serait peut-être temps d'assumer.
Quand il dit que tout est ma faute. Quand il dit que je ne fais que me venger. Quand il dit que je suis quelqu'un de dégueulasse. Puis il dit qu'il m'aime, que je suis plus jolie que sa petite amie, que je suis un meilleur coup. Il dit qu'il doit souvent penser à moi pour la prendre. Pour jouir. C'est comme s'il jouissait sur mon visage. Vulgaire. Dégoûtant. Offensant. Il m'humilie sans le savoir, ou peut-être que ?
Quand il dit que je lui ai tout fait perdre. Quand il dit qu'il m'aime.
Quand il parle d'elle, il y a cette haine brûlante, dans mon ventre et ma gorge. C'est ça, la vraie jalousie ? Brûler de l'intérieur, avec l'envie de faire boire le cyanure à une personne que tu ne connais même pas ?
Qu'elle crève !
Non. Non. Non. Il ne faut pas souhaiter ça, c'est méchant, c'est vulgaire, c'est indigne.
Et pourtant...
Est-ce que tu crois vraiment que je suis quelqu'un de si méchant, de si indigne ? Tu crois vraiment que je suis un être si dégueulasse ? Et pourtant, lui, il dit qu'il tient à moi, qu'il ne désire plus ma mort. Quand ses hanches rencontrent les miennes, les lèvres pressées contre mon oreille, il murmure qu'il m'aime, il souffle fort, pour contenir l'orgasme. Et pourtant, il m'a craché sa haine au visage. Il a dit que je suis un être abject. Il dit qu'il m'aime. Il ne faut pas que je meure parce qu'il tient trop à moi. Mais tout ceci ne serait-il pas de la manipulation ?
Il dit blanc, le lendemain noir, il se retient de me parler, il veut, il ne le fait pas. Moi j'ai pas envie qu'il parte.
"Does it worry you to be alone ?"
The Beatles.
Oui, ça me fait peur. Ça me fait peur, tout cet amour qui ne demande qu'à être donné, et dont personne ne veut. Moi je voudrais Le revoir. Lui donner tout ça, parce qu'Il l'a toujours accepté. Et qu'il me prenne. Je veux passer ma vie avec Lui comme prévu. Être la mère de ses enfants comme prévu.
"Fais moi un enfant.
- A quoi ça sert ? On ne se reverra plus. Tu veux m'attacher à toi ? C'est tout ce que tu as trouvé ?
-Non... Je veux juste un enfant."
Toujours vue comme malhonnête. Est-ce que je le mérite ? Toujours vue comme trompeuse. Dis moi ? Toujours vue comme l'incarnation de Satan.
Et je me souviens de cette prophétie, proférée lors d'un rituel. "Quand tu seras assez mature et jolie, tu seras possédée par un démon". Est-ce que je devrais croire à tout ça ? Quelle route prendre ?
Moi, je suis perdue.
Et il est temps de monter au front. Affronter l'ENS.
"Et quand je partirai en guerre
Le cœur triste toujours devant
Je penserai encore à elle
Avant d'crever pour l'régiment."
