" J'oublie. Dis le..."
J'oublie énormément de choses ces temps ci. C'est comme une fatigue extrême, les rêves se mélangent à la réalité et vice-versa. L'horreur et le soleil, la nuit et la douceur, tout se mélange, se confond.
Il faut me dire les choses plusieurs fois en ce moment.
J'oublie même ma pilule, pas celle qui fait dormir, non, non, celle qui tue mes enfants.
Je n'ai plus besoin de rien pour dormir. J'arrive à un tel état de fatigue que je n'ai plus qu'à poser la tête sur l'oreiller, et mon corps se paralyse instantanément, m'emmenant dans les faux semblants, les paralysies du sommeil, où les incubes vident leur semence en moi.
Dieu ! Combien de viols oniriques ai-je essuyés, pour en venir à ne plus pleurer, à ne plus rien ressentir quand à nouveau je sens ces mains imaginaires qui parcourent mon corps ?
Mais non, non, je ne suis pas si invincible, puisqu'en journée, ma libido se meurt.
J'ai mal au corps, j'ai les ailes qui brûlent dans mon dos, à cause du soleil, et c'est injuste, tout à fait injuste.
Moi qui ai les poignets écorchés, je m'inquiète pour des amies au corps momifiés, dont les os semblent toujours vouloir crever la fine peau qui les recouvre. Je me ronge les doigts pour quelqu'un qui s'écrit "Help, Help, Liar, Help" sur les bras. J'ai peur. Je me rends malade tout doucement, et c'est mieux comme ça. Mourez mes amours, mourez, cela vous rend si belles !
Mon âme a rendu mon corps malade, au point qu'il vomisse, au point qu'il saigne par d'inhabituels endroits, au point de le rendre aussi pâle qu'un joli cadavre, une fraîche poupée de porcelaine.
C'est fou comme je me sens belle, grosse et laide, légère et patibulaire, brûlée et gelée. Je suis un antagonisme à moi seule.
Mais c'est parce que j'oublie.