A la télévision, il y a une vieille, avec beaucoup de rides remplies de fond de teint. Modèle pot de peinture, avec 50 ans de trop pour que se soit mignon. C'est juste affligeant.
Sur internet, le dernier porno sorti montre une jeune fille en train de se faire défoncer dans la rue. Avec une équipe de tournage qui se branle en surveillant les alentours.
Et moi, je suis la, derrière mon ordinateur, à attendre qu'il ne vienne pas. Ils ne viennent jamais.
J'aimerais bien aller conduire. Je me sens libre au volant de la voiture. Elle m'emmène exactement la ou je veux, dans sa douce chaleur et le bruit rassurant de l'auto-radio.
Je deviens folle. Je pleure pour un rien, je dors trop, je ne bouge pas. Je suis vide.
J'ai envie de prendre des photos de mon corps nu, de les laisser au vent, sur internet, voir combien de temps ça mettrait pour que mes amis un matin me disent : "
Hey, regarde cette fille ! Si c'est pas ridicule !"
Oui, tout est tellement ridicule. Puisque nous ne sommes nés que pour mourir, pourquoi nos parents se sont-ils donné tout ce mal ?
Qu'ils sont cons !
Et dehors il fait froid, des enfants déguisés hurlent, ils réclament des bonbons. J'ai envie de leur dire que Halloween ça craint. Que, puisqu'ils sont français, ils devraient s'intéresser à la version celte, qui est plus dans leurs origines. Avant, des barbares blonds aux yeux clairs priaient toute la journée du 31 Octobre.
Maintenant, qui songe encore à nos morts ? Qui peut encore se vanter de ne pas penser qu'à son cul ?
Qu'ils attrapent tous des caries !
Ma peau recommence à se craqueler. Je me demande si cela va bientôt saigner. Ce n'est pas très douloureux, de toute façon, c'est plutôt désagréable, parce que je sens qu'elle craque, se fissure, se dessèche. Et ça démange.
Bientôt, mes bras comme mes mains seront secs et cassants, puis mes cuisses. L'intérieur tout doux des cuisses, rongé par le froid et craquelé comme la peau d'un enfant arlequin.
La vérité, c'est que le corps humain, qu'il soit enfant ou adulte, est laid. Laid à faire peur. Et pourtant nous recherchons toujours le contact d'un autre corps.
Je t'aime putain !
Et moi, je perds mes boulons, je ne veux plus savoir que pierre qui roule n'amasse pas mousse. Je me fous qu'un tiens vaille mieux que deux tu l'auras !
Ne peux tu pas voir la honte sur mon corps ? Ne peux tu voir que je demande à être sauvée ? Ne peux tu pas voir que je ne supporte plus mes mensonges ? Ne peux tu comprendre que je n'ai jamais haï que moi ? Je n'ai jamais été ! Sauve moi de moi...
Sauve moi de ce corps que je ne veux plus voir, de cette allure de fille comme il faut, libère moi de ce dont j'ai toujours eu peur. Libère moi de la Mort, libère moi de ton putain d'amour !
Sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi, sauve moi !
Ha ! Ha ! C'est vrai que, à trop parler pour ne rien dire, on oublie le sens des mots.
à 13:04