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Love me, Take me, Betray me, Leave me

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Il faut que ça sorte

"Inspirez.

Prenez autant d'air que vous pouvez.

Cette histoire devrait durer à peu près aussi longtemps que vous pouvez retenir votre souffle, et continuer encore un peu. Alors lisez aussi vite que possible."

Il faut que toute cette merde sorte de moi. Que toutes les peurs, que toutes les douleurs s'effacent, au moins un peu, au moins un instant.

Ca a commencé cette nuit-là. Il est entré dans ma chambre. C'était le 1er Janvier 2009, il était 4.06, et il était là. Cet homme voulait mon corps un peu trop enfantin encore, me posséder, parce que "J'aime les filles aux cheveux longs". Cet homme qui quelques mois plutôt m'avait fait fumer du shit. Cet homme que mes parents connaissaient si bien.

Si cet homme a voulu mon corps, c'est parce qu'il était trop aguicheur. Trop vulgaire. Quelques mois auparavant, on m'avait bien dit, qu'on me voyait bien finir actrice porno. Mon corps. J'ai le corps d'un personnage de Beckett. Pourri, usé, dysfonctionnant. Un corps bon à jeter. Ou peut-être qu'il l'est devenu à cause de cet homme. Je ne me souviens plus. Aujourd'hui encore, quand je me regarde dans la glace, je vois ses yeux, ses intentions dégueulasses, j'entends encore sa voix. Elle me salit, cette voix.


Pendant très longtemps, mes rapports sexuels se sont bornés à exciter des hommes, puis à m'allonger docilement pour qu'ils me baisent, pendant que je regardais ailleurs, que j'essayais de penser à autre chose qu'à la souillure de mon corps et de mon âme. Cacher les larmes. Dire "je t'aime" sans le penser. Sourire. Parce que je ne me pense bonne qu'à ça, je ne peux pas être quelqu'un de bien puisque cet homme a juste voulu prendre mon corps. Je ne m'autorise pas le plaisir sexuel, parce que je trouve ça humiliant et déplacé. Je ne m'autorise pas à parler de ce que je veux vraiment, parce que je n'ai pas le droit d'exiger quoi que ce soit. Je ne m'autorise pas à jouir parce que sinon, ce sera la preuve que mon corps n'est bon qu'à ça.


Bien sûr, il y a eu des exceptions. Non. Une. Exception. Mon fantôme. Avec lui je pouvais, avec lui ce n'était pas sale. Pas jusqu'à ce qu'il gâche tout, pas jusqu'à ce qu'il ne me donne raison. "Tu me dégoûtes". Je sais. Je me fais le même effet. Parce que mon corps n'est bon qu'à ça. A plaire. A satisfaire.


Alors voila. Moi, je ne suis qu'un corps. Ecrit par Beckett. La cloche vide de Jouvet. Une apparence, rien qu'une apparence. C'est pour ça que je déteste le moment où je dois me dénuder. C'est pour ça que je me sens si mal après avoir connu un homme comme Isaac a connu Rebecca. Reproduire le schéma dont on est prisonnier. A vie ?


Tout ça, ça a besoin de sortir, d'aller pourrir ailleurs qu'en moi. Ailleurs. Ailleurs. Pour pouvoir entendre quelqu'un crier sans paniquer. Pour pouvoir être enfermée sans se sentir pris au piège.


"Vous. Maintenant, vous pouvez respirer un grand coup.

Je ne l'ai toujours pas fait."

Palahniuk


Mais je veux faire des efforts. Pour Toi.

Ecrit par Lady M, le Jeudi 3 Octobre 2013, 21:10 dans la rubrique "Rien, Tout et ce qui en reste".