Et allumer la première clope depuis samedi. Le gout du tabac s'est insinué dans ma gorge, puis dans mes poumons. Délicieuse brûlure sur ma gorge malade.
Mon banc de granit était froid, mais j'étais bien dessus. J'étais bien parce que je me sentais portée par le temps. Ce banc à en effet la particularité d'avoir vécut la Mort de millier de personnes.
Je resterais réfugiée à l'intérieur de mon bunker...
Indochine.Pourtant, dessus j'ai toujours peur de mourir, comme eux sont morts. Une bombe perdue, un obus oublié. Mais j'aime y être, car il est perdu au milieu des champs, c'est vraiment un endroit tranquille. La neige l'avait recouvert d'un manteau de douceur et de calme, et j'expirais la fumée nocive en pensant à nos morts. Y aller est comme un circuit du souvenir. Passer devant la plaque commémorative. Passer devant le cimetière. Passer devant le monument pour les 4 soldats tombés en haut de la colline. Le kilomètre de marche, exténuant. Le bunker.
Si petit, si seul... Au milieu des champs, au loin, on voit le clocher de la ville, et puis les éoliennes. La fôret tout autour. Le vent glacial, la brulure du mégot. Le froid de la pierre sous moi, le froid de la neige autour. La neige...
Tout est si blanc, si fade autour. Gris, noir, blanc. Et moi ? Noire. Toute noire d'habit, toute blanche de peau. Et les lèvres rosées, brulées par le froid.
Tiens... J'ai froid...
à 22:41