J'ai très envie de prendre la route. J'avais une impression incroyable de liberté dans la dodge, avec le vent qui me fouettait le visage, l'odeur de l'essence qui me montait à la tête, et le paysage à portée de main. J'ai envie d'emplir mes poumons d'air frais, d'hurler de joie, de sentir la vie brûlant mes veines.
Comme si j'avais été morte trop longtemps. Comme si... La nuit avait duré des années.
J'ai envie de voir vite ma robe de princesse cousue, envie de voir mon si petit corps entouré de ces beaux tissus si fluides. J'ai envie de faire tourner cette robe, de porter Excalibur sur ma hanche. J'ai envie de rire à m'en déchirer le larynx, à me faire exploser les poumons, j'ai envie de vivre et de me faire aimer les samedis soirs.
J'ai envie de danser, et les musiques m’entraînent, je pourrais danser la nuit entière, je pourrais.
Mais moi, tu vois, il parait que je suis une salope. Et je comprends pas, parce qu'il est célibataire, je le suis, j'ai été larguée par mon ex, mais je suis une salope et j'ai pas le droit d'avoir une petite baise entre amis.
Et quelqu'un m'a donné un livre en me disant que les livres sont bons pour combattre la nuit et les peurs. Ensuite, il m'a donné une ombre pour pouvoir m'enrouler dedans les jours ou le soleil brûlerait trop mes jeunes ailes et mes yeux si clairs.
Et tu vois, en fait, j'ai un peu mal. Au coeur.
Et je me répète que dans le sang froid, j'ai clamé cette haine, et que j'ai dénudé mes dents.
Pour le faire payer, lui faire mordre la poussière, le traiter de salaud lui aussi, le rouer de coups, enfoncer des poignards dans ses côtes saillantes, boire son sang coulant à gros bouillons, lui cracher à la gueule au dernier soubresaut de vie, lui vomir ma bile dans la bouche, lui rappeler que mon corps ne l'a pas toujours dégoûté, et que souvent, c'est le sien qui n'assurait pas, lui dire que tout ça, c'était des conneries, et puis, moi, j'ai jamais su être fidèle aux gens qui me baisent mal.
J'ai jamais su être fidèle aux gens qui ne me détruisent pas.
Alors moi, tu vois, j'écoute de la musique bourrin, je drague comme une tarée, à moitié bourrée dans les concerts, je tombe, je me casse la gueule, j'ai mal, j'ai du sang sur la joue et je me suis évanouie contre la scène.
Tu vois, si je suis une salope, c'est peut être parce que toi, t'es ejac' précoce.
Putain, lui cracher toutes ces paroles venimeuses que j'ai retenues à l'époque, lui dire TA GUEULE et LAISSE MOI VIVRE, tu m'étouffes, arrêtes, tu m'aimes pas, moi non plus. Lui dire que j'ai jamais eu un partenaire aussi peu performant, avec si peu de longueur, lui dire que j'étais dégoûtée par ses baisers trop sucrés.
Si je suis une salope, toi, tu es l'ordure de ce monde. Lui cracher ma vérité, lui dire que tout ce que je fais, c'est dans le but de me détruire.
Maintenant, tu comprends pourquoi je ne suis pas le genre de fille dont on est fou amoureux ? Parce que je suis pas le genre de fille à être folle amoureuse, parce que je suis pas le genre de fille à être une fille, et tu vois, tu t'es tapé une salope, mais ça te dégoûtait pas à l'époque, hein ? Ca te dégoûtait pas, quand tu savais pas que t'étais pas le seul à (mal) me baiser.
Putain, toutes ces choses que je n'ai pas dites. Toutes ces choses coincées dans ma gorge en presque six mois de couple. Toutes ces choses qui m'étouffaient.
Je vais mieux, merci.
Giant Jack ~ Dionysos
Bare my Teeth ~ Converge
à 15:02