Je me regarde dans le miroir. Je ressemble à une poupée ratée ! Je me hais ! Surtout depuis que j'ai l'impression qu'on me traite en tant que telle. Je regarde mon visage, que les autres appellent visage d'ange. Je crache sur mon image. Elle m'est inutile.
J'en ai assez qu'ils me touchent, assez qu'ils ne me voient que comme...
Comme quoi ?
Je me laisse tomber en arrière, j'attrape un couteau. Je vais leur montrer. C'est moi, moi et moi seule qui ai tous les droits sur ce putain de corps dégueulasse.
Je coupe. Le sang ne vient pas, mais l'angoisse m'étreint. Et si j'étais vraiment une poupée de cire, avec ce beau trou dans le bras, sans sang ? Et si je n'étais plus humaine ?
J'attrape des ciseaux, mes vieux amis, ceux qui lacèrent si bien. La première goutte me fait pleurer de joie. Je saigne. Je suis bien une humaine. Je redonne quelques coups sur mon poignet, avant de m'intéresser à mes lèvres. Après tout, la chanson me donne raison :
Cut the veins to lacerate, cut the veins to evacuate, cut the veins to dominate
BenightedJe me fais du bien. Je rougis mes lèvres de leur propre sang. Je me regarde : que je suis belle. Je remplie ma bouche de ce rouge délicieux. J'en ai sur les doigts, les gouttes s'échappent, je ris : je suis en vie, et, je suis maitre de moi même. Je me frotte le visage, il devient rouge de sang. Je suis belle, dans ma robe de morte. J'éclate d'un rire cristallin en buvant la boisson douce, comme sa couleur est sombre. Je palit un peu. Ou alors c'est le sang qui donne cette impression.
"
Awake from this dark witchery, from this insane delight", me supplie la chanson, me supplie Julien T.
Je rit à m'en égorger. Je suis bien. Je suis la, je suis moi. Et je saigne. Comment ai-je seulement pu m'en passer ? Cette couleur, ce goût métallique.
Awake, Awake, hurle Julien. Tais toi, et tais mon coeur en passant.
Je me sens bien ici. Je ne veux pas m'éveiller.
Je rêve
debout.
Le sang coule sur mon menton, je nettoie enfin mes joues rougies. Je soupire, je gémit. C'est si bon. J'avais oublié.
Blood everywhere. C'est jouissif. Mon corps n'est que douleur, oui mais je vis.
The conscience goes away from my orphaned mind. Je n'en ai pas besoin. Elle me ferait du mal, comme les autres. Je les hait à cet instant. Julien hurle. J'entends la décadence qui me correspond, et j'en rit.
Dominate. Je me crispe à ces mots. NON, C'EST MOI, ET MOI SEULE QUI DOMINE MAINTENANT !
J'enrage, autour de moi tout semble me dire d'arrêter. Je me redonne des coups, je contrôle, rien ni personne ne peux me dire quoi faire.
Replaces slowly the beats of my heart. Quelque chose. Ma conscience reviendrait-elle ? Cette salope qui m'empêche d'être toute puissante ? Non, Non, je vais lui montrer, je vais prendre des médicaments, et boire, manger, les avaler, mourir, juste pour...
Je me stoppe. Me regarde. Bon dieu, je suis effrayante. J'attrape un linge, et essuie le sang coagulé sur mes joues et mes lèvres. Quelqu'un m'a promis qu'il serait fort, je n'ai pas le droit de baisser les bras. Surmoi reprends le dessus sur Ca. Je soupire.
I deep fall asleep in sick dreams, sont les derniers murmures que j'entendent. J'ai encore été faible. J'ai encore laché mes promesses. Je me suis parjurée. J'ai honte de moi.
à 11:18