Love me, Take me, Betray me, Leave me

Maintenant, je suis à la fac. En fait ça change pas grand chose, j'ai quand même des exposés, mais devant tout le monde, modèle colle mais en moins poussé. On se touche un peu la nouille pour l'instant, faut bien avouer.
La BU est une des premières bibliothèques où je ne me sens pas totalement oppressée, et ce depuis... Longtemps. La fac, c'est un peu le monde des bisounours, rapport au fait qu'on passe plus de temps à fumer et à la machine à café qu'à vraiment bosser. Mais comme il y a plein de redoublants je ferme ma gueule. Rapport au fait que je veux pas avoir l'air de me la péter. Surtout que je suis la seule prépa à venir d'un lycée coté (voilà je me la pète).

C'est pas que je suis amoureuse, mais putain, embrasser quelqu'un de bout des lèvres, comme quand on était adolescents, à la fin d'un concert, c'est vachement bien. Surtout quand le-dit quelqu'un est un (sacré bon) guitariste. Puis il a l'air de prendre soin de moi, et ça me suffit pour bien vouloir lui donner mon corps une heure ou deux s'il le veut.

C'est pas vraiment que la vie est étrange en ce moment, enfin si, mais non. Mais quand même, tu vois, je connais pas grand chose à cette nouvelle vie que j'expérimente, et je cherche encore mes amis Khâgneux du regard devant la BU, alors qu'ils sont à Lille, Reims, Paris... Que sais-je ?
Puis tu vois, la L3 d'histoire, c'est un peu comme la HK, en moins dur. C'est bizarre, et j'ai vraiment l'impression de me la péter, mais pour l'instant c'est TROP facile. Y a baleine sous gravillon, moi je te le dis.

En plus, ils savent pas écrire ni parler anglais. Mon dieu, encore une fois je suis trop bonne pour la moyenne, trop médiocre pour l'élite, et je me demande si un jour je trouverais ma place dans ce monde de fous, qui marche droit vers le mur sans s'en rendre compte, et qui porte aux sommets les plus débiles de la race humaine. Punaise, ce que je me la pète.

Je sais pas vraiment quand je suis devenue aussi hautaine. J'avais pas l'impression en Khâgne, je fermais ma gueule parce que j'étais mauvaise. J'attendais avec impatience le moment où je me sentirais à nouveau intelligente, maintenant donc. Et ben, maintenant, j'en ai marre. J'ai envie d'être à nouveau médiocre. Dans le sens premier du terme je veux dire. Je change les mots juste pour éviter les répétitions, parce qu'on m'a apprit à faire comme ça, et que voilà Enfin je crois. C'est plus joli, et l'air de rien j'aime ce qui est beau.

C'est pas que je me sens différente, là je pousserais vraiment trop loin, mais quand même, je me demande ce que je fous dans ce monde. Incapable d'avoir les grands concours, trop douée pour rester dans un cursus normal de vie.

Et puis je suis fatiguée. Fatiguée de la vie, des conneries, de toutes ces relations sociales que j'ai forgées et que j'ai du mal à garder. J'suis pas faite pour avoir des dizaines d'amis à travers la France. Et une en Irlande.
S'teu plaît quoi.

C'est pas que je suis amoureuse, mais quand même, si j'avais pu le voir ce soir ça aurait été cool. J'ai envie d'être dans ses bras un peu, et de l'écouter m'appeler "petite chérie", sans bien savoir où il veut en venir. C'est pas le type d'homme sur lequel on se retourne, mais à ma façon j'ai toujours aimé les parias. Faut croire que je finirais ma vie avec quelqu'un d'aussi étrange et décalé que moi. J'espère, je crois.

C'est pas qu'il est beau, mais il est intéressant et gentil et attachant. Le genre de mec avec qui tu te vois bien passer la vie comme une longue soirée entre potes, avec un peu (beaucoup) d'alcool et peut être une partie de sexe si l'envie te prend. Le genre de mec un peu trop vieux pour toi, mais t'en as rien à foutre. Et puis, la beauté on s'en fout, tant que c'est quelqu'un de bien. Tu vois, c'est le genre de mec qui rayonne. Le genre parfait. Mais je crois pas que je l'aime.

Et tu vois, y a ce mec, le batteur du groupe, qui lui a un charisme dingue, et qui en fait... Est quelconque au fond. Alors que lui, le guitariste je veux dire, il a pas tout ça au départ, et pourtant c'est le plus intéressant des deux, et de très loin. C'est bizarre parce que moi, tu vois, j'suis plutôt le genre futile, à rechercher la beauté avant tout. Mais je crois que ma perception de la beauté change, parce que je te jure que lui, ma première et ma dernière réactions en le voyant sont totalement différentes. Et franchement, s'il m'appelait "petite chérie" avec des arrières pensées, je serais contente comme quand j'étais adolescente et que quelqu'un venait me voir en disant "Tu veux sortir avec moiiii ?" (Ce qui, il faut le dire, était rare.)

Peut être que je grandis. Les choses futiles c'est bien un temps. Je m'en suis pris assez dans la gueule pour savoir maintenant que tout ce qui brille n'est pas d'or. Loin de là. D'ailleurs, plus ça brille, plus la chute est violente. Puis ça serait bien que j'arrête les relations type abusives, tu vois ? Genre trouver quelqu'un de bien qui fasse attention à moi à défaut de m'aimer pour une fois. Pas juste être l'objet sexuel que je sous-entends être.

Quoi que...

Mais tu vois... Enfin, je veux dire, le plus important c'est... Je sais pas, tu vois l'idée ? Le fait que... C'est pas le genre qui me... Enfin...
Des fois je me demande si je suis pas un sims, attirée par des caractéristiques particulières. Genre, pourquoi ils sont tous blonds ? Pourquoi tous aux yeux clairs ? Pourquoi plus souvent musiciens qu'à leur tour ?
Mais... En même temps... Enfin... Tu vois, ils ont tous leur spécificité d'un coté, mais ils sont toujours un peu pareils. Du coup... Est-ce que lui aussi ? Enfin... Est-ce que je risque pas encore une fois ma santé mentale et ma peau ?

Tu vois, ce mec, ça aurait été plus simple si je m'étais arrêtée à la première impression physique que j'ai eu de lui, et en même temps, au bout de trois jours, j'avais déjà l'impression que c'était un ami fidèle et proche. Et maintenant je le trouve superbe, et j'ai envie qu'il me regarde autrement que comme une espèce de gamine mal dégrossie. J'veux dire, merde, je suis une femme maintenant. Même si j'ai encore mon visage de petite fille.

Tu sais quoi ? Je me faisais la remarque, mais mon corps est vachement plus harmonieux depuis quelques temps. Si j'ai encore un début de bouée, il s'est assez adouci pour ne plus être visible sous des vêtements. En contre partie, mes seins et mes hanches se sont arrondis. Ils sont plus voluptueux. Je crois même que je me suis musclé les fesses, mais c'est difficile à dire. Tu vois le genre ? Je deviens vraiment une petite femme miniature. A presque 20 ans et demi il était temps, bien sûr.

Mais...

Punaise, j'ai envie qu'il me dise encore petite chérie le temps d'une nuit.