En ce
moment, j'ai les pensées et le corps chaotiques. Un peu comme un
début d'apocalypse.
J'imagine
un monde détruit, dirigé par un dictateur quelconque, une Marine Le
Pen croisée à un Hitler en puissance. J'imagine chaque personne
passer dans la rue, sur le manteau, un signe distinctif par pensée
politique, religieuse, sexuelle. Je vois clairement l'antéchrist, le
A barré, le symbole de la bisexualité sur mon torse, le regard
baissé des gens, parfois dérangés, parfois totalement indifférents
à mon égard. J'imagine mon corps, devenu harmonieux ou peut-être
un peu trop maigre, danser dans une cave lugubre, suite à
l'interdiction de toutes les cultures underground. J'imagine le gris
du ciel sur une vie où tout est interdit, et soudain, je me rends
compte que chaque jour, chaque minute, chaque pas de ma vie me
rapproche de ce modèle. Défaite de la droite, défaite de la
gauche, crise politique, crise économique, un profond néant dont
rien ne ressort, crise, crise, déclin. L'humanité n'en a plus pour
très longtemps, nous sommes des animaux inadaptés à ce monde, trop
destructeurs, trop dangereux, trop isolés pour survivre. Aucune de
meutes que nous appelons société n'y survivra. Et c'est tant mieux.
J'ai
une sorte d'indifférence pour tout ce qui m'entoure en ce moment. Je
suis lassée d'un monde qui court droit à sa perte et pour lequel je
ne peux rien. Je suis lassée des remerciements emplis de sanglot du
SDF à qui je donne un peu d'argent ou quelques gâteaux chaque
semaine. Je suis lassée de tout ces gens à l'air aisé qui ne
baissent le regard ni sur lui, ni sur moi. Je veux plus. Je veux la
fin du mensonge social. Je veux la fin d'une réalité qui n'est pas
suffisante. Je veux la fin de l'horreur. Et le début d'une
délicieuse décadence. Retour à l'animalité, à la normalité.
Arrêter de se faire du soucis pour le politiquement correct. Arrêter
de se faire du soucis pour les sentiments des autres. Arrêter de se
faire du soucis pour un monde qui meurt entre mes mains. Et la
colère, toujours la colère qui revient, par vagues, comme un
tsunami, qui détruit et engendre la haine. La colère brûlante, en
contraste avec le froid de décembre. La haine des autres, de tout ce
qui n'est pas moi, de tout ce qui est humain. La haine d'une culture
qui meurt parce que "der Kapitalismus ist besser". Et
pourtant, "the show must go on", 'cause the world keep on
turning around. Et moi, cette rotation me rend malade. Un peu comme
quand je regarde les bâtiments dans le bus, et qu'il me semble
qu'ils valsent autour de moi, que je regarde jusqu'à en avoir des
nausées, fascinée et révulsée à la fois.
Si je
disais tout ce que j'imagine avec son corps, il rougirait, et le
monde entier aussi. Parce que je suis petite, mignonne, poupéenne,
et que mes idées dérangeraient. Je veux son sexe dans la bouche. Je
veux sentir la peau râpeuse de sa joue contre la mienne. Je veux ses
soupirs contre ma peau. Je veux son sexe profondément enfoncé en
moi. Je veux sa main sur mes seins. Je veux sa langue entre mes
jambes. Je veux ses mains crispées sur la chute de mes reins. Je
veux ses doigts dans mes entrailles. Je veux l'accueillir, le goûter,
le toucher. Je veux mordre ses mamelons. Je veux agripper ses fesses
pour l'emmener encore plus profond en moi. Je veux sa langue contre
mes lèvres. Je veux son gland sur mes lèvres. Je veux sentir ses
attributs masculins tendus contre la peau de mon ventre pendant qu'il
m'embrasse. Je veux la soumission, la domination, être attachée,
être libre de partir, être agenouillée contre son corps qui me
dépasse, sentir ses bras me porter, son ventre frotter le mien, ses
cuisses contre les miennes, son érection sur mes fesses. Voir son
regard langoureux, voir son sourire quand je jouis, voir son visage
quand il relâche la pression. Je veux lui intimer l'ordre d'aller
plus vite, plus fort, plus loin. Je veux ses doigts qui explorent mon
corps quand il lèche mon sexe. Je veux emmêler mes cheveux aux
siens, sentir ses bras contre mes flancs quand il s'endort, avoir le
souffle court quand il m'embrasse. Je veux qu'il arrache mes habits
quand je me tiens droite, face à lui. Je veux arracher les siens
quand il embrasse mon cou, mes épaules, la naissance de ma poitrine.
Je veux embrasser le jean là où ça gêne. Je veux qu'il maintienne
mes jambes à la verticale quand il me prend, qu'il enfonce ma tête
dans les oreillers pendant la levrette, qu'il écrase mon corps entre
le mur et le sien dans la cuisine, qu'il caresse mes cuisses dans la
voiture, qu'il tire sur mes cheveux quand il embrasse ma nuque, qu'il
morde quand il explore ma poitrine et mon ventre. Je veux sa
respiration chaotique sur ma chair brûlante. Je veux ses cris de
béatitude. Je veux son regard de braise. Je veux son corps tout
entier. Je veux lui couper le souffle. Je veux qu'il rende les armes
face à mon corps. Je veux sentir la sueur contre ma peau, le mélange
de nos deux corps. Je veux sentir le liquide séminal sur mon aine
quand je le chauffe. Je veux faire glisser mes ongles sur ses flancs.
Je veux que mon corps se cambre seul sous ses caresses. Je veux cette
indifférence totale qui suit la jouissance.
Oh,
attache moi, bâillonne moi , crie mon prénom. Fais moi juste
oublier qui je suis.
Je
veux tellement de choses, et je n'ai dit que les plus douces, les
plus sensuelles, celles qu'on a le droit de dire en société. Et
ce désir ne devient que plus brûlant quand je sais qu'il est
impossible à assouvir.
Parce
qu'après tout...
I'm
a sex addicted.
à 13:23