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Sabbat

J'en ai marre de ne pas trouver ma place. Je ne suis chez moi nulle part, je ne suis à l'aise qu'ailleurs. Dans le silence de mon monde, j'ai oublié la signification des mots. Et à trop les oublier, je ne sais plus les prononcer, ni m'exprimer.

C'est pour ça qu'Ici existe, parce que je ne sais pas parler, je m'enferme dans "La Tour d'Ivoire", dans "mes Pensées", parce que je suis une "cocotte-minute", la "bombe A", parce que je suis quelqu'un qui accumule, et se met à pleurer toutes les larmes de son corps pour un événement apparemment insignifiant. 

Et même si cela t'énerve, te met mal à l'aise, même si tu voudrais que mes paroles sortent en flots je ne peux pas. Sinon, ce seront des flots de fiel, auxquels je mettrai feu en hurlant. Quand je parle, quand j'ai quelque chose sur le cœur, je deviens une vipère.
Et si je me barricade en moi, si je ne ferme plus les yeux, si je ferme la bouche et mords mes lèvres c'est que...
Je me laisse aller contre ton corps. Je me laisse aller dans tes bras, mais je ferme les yeux, pour couper tout contact avec ce monde. Je suis bien, malgré le feu en moi, malgré la douleur et les larmes qui coulent sans discontinuer. Elles s'arrêteront bien un jour. Je me laisser aller contre ta chaleur. Je suis une vipère et je vole ta chaleur.

J'en ai marre de sourire !

Après tout, pourquoi devrai-je le faire quand je suis blessée ainsi par des mots. Des caresses, de morsures, des mots doux et beaucoup cinglants. Tu me fais énormément de bien, et infiniment de mal. Le contact chaud de ta peau, le gel de tes mots. Continuer à sourire.
Je suis gênée comme je le suis toujours quand je me fais disputer et que je suis nue. Tes mots. Les mêmes que ceux des autres. "Mais parle ! Comment tu veux que ça s'arrange sinon ?"
Non. Je ne peux pas. Sinon, il faudra encore tout recommencer. Plutôt vivre sur des bases bancales que devoir reconstruire tout un monde brûlé.

Je veux un endroit où me reposer et être bien...

Je suis Mathilde, et je reviens d'Algérie. Je suis perdue, je suis le Mal et je reviens pour détruire tout ceux qui m'ont blessée. Le jour où je le ferai vraiment, tous mourront, je serais seule et je n'aurais plus besoin de sourire à des murs. De toute façon, il tombe, se fane, il tremble, ridicule, tout à fait ridicule, parfaitement ridicule.

"You really want me to be a good someone, you make me feel like no one".
Korn

Ton corps. Il est beau. Je suis jalouse de tous ces gens au beau corps. Jalouse du mien, quand j'avais six ans de moins. J'en ai marre de faire des efforts, mon corps est moche, voilà tout, pourquoi s'embêter, et empirer les choses avec mon manque de pratique ? Je n'ai qu'à me concentrer sur celui des autres, et oublier...

"Je te regarde tellement que j'oublie ton visage"
Novarina

Je peux citer des gens. Je peux chanter des chansons qui se rapprochent de mon état. Je peux écrire.
Tout cela pour déverser la tristesse, la colère et l'indignation, pour garder l'échine droite et ce faux-sourire.

Arrache moi ce sourire !

Comme ça, tout va bien. Si la carcasse semble jolie, on dit toujours "C'est mieux ainsi. Son corps ne connait plus la souffrance". Alors, même en vie, si la façade à l'air en bon état, si cela a encore l'air habitable, et qu'il n'y a pas l'air d'avoir trop de désordre, on se dit que tout va bien. Mais laisse une larme couler, et tout le monde perd ses moyens.

En fait je n'ai pas envie d'écrire. Je le fais parce que je sens que je suis à un point de rupture.

Et j'ai treize ans de nouveau.
(Alors j'aime le premier venu qui est un peu gentil avec moi)
Ecrit par Lady M, le Dimanche 16 Juin 2013, 20:37 dans la rubrique "Pensées".