"Le problème, avec le théâtre moderne, c'est qu'on ne voit que des détails, des fragments. Comme dans la pornographie. La pornographie, c'est un bout de viande, un morceau de fesse, mais vous ne voyez jamais vraiment une femme, même en plan large. En fait, c'est un problème de société."
L'air de rien, je me compare à une actrice X. Parce que malgré mes cheveux et mes ongles trop courts, quand je suis face à quelqu'un, je joue de mes lèvres pour lui donner chaud, quand je suis agenouillée, mes yeux racontent des histoires, et quand je suis allongée, je me prends pour une déesse grecque. Je me compare à une actrice X, parce que j'attends qu'on me démente, et personne ne dément jamais les propos d'une fille à l'air si joli et innocent. Je suis une innocente souillée de sang. Le mien.
Mais lui, l'homme le plus important de ma vie, désormais, le meilleur ami, le seul qui n'ait jamais voulu me baiser, le seul qui soit toujours là, il me rassure, me caresse de ses mots, me laisse entendre que je suis quelqu'un de bien. Je ne suis pas quelqu'un de bien. Mais ses paroles glissent sur mon corps, le réconfortent. Il est le plus important, parce que Lui ne reviendra pas, j'en ai le pressentiment. Malgré les SOS lancés sur ce blog, malgré les supplications, il ne donne plus de signe de vie, et je pense que cela signe la fin de son amour pour moi. Plus jamais, il ne dira "F is your lover", "you are my lover", "M, je pense que je suis amoureux de toi". Plus jamais, mais les larmes ne coulent pas, parce qu'une part de moi ne veut pas entendre, ne veut pas comprendre ce que cela signifie. Oooh, aime moi encore un peu, aime moi encore une nuit. Parce que je préfère m'étendre dans tes bras que ne plus m'étendre contre toi.
Cette idée, disparue depuis un an, cette idée qui ronge et détruit, qui revient comme les flots innondants reviennent sur les berges chaque hiver, cette idée... Je ressemble à une actrice X, et dès les premières apparitions de féminité chez moi, on me l'a dit. Je suis un être sensuel, je suis un être de désirs et de voluptés, je me rapproche du vampire, je ne bois pas de sang mais des sentiments. Mes mains froides parcourent mon corps, pour lui donner la sensation de n'être pas seul, mais je suis seule, isolée, dans cette grande ville que je hais, même si j'ai cru l'aimer sous le soleil de l'été.
Il y a des hommes que je voudrais revoir, mais la peur m'en empêche. Je ne veux pas les toucher, et me rendre compte qu'un faux amour naissant pourrait tout gâcher. Ô, P-A, P-A, mon frère, mon âme, ne me laisse pas tout gâcher. Ne me laisse pas me croire amoureuse de toi. Ne me laisse pas seule face à ton silence, parce que tu es le seul à m'avoir rassurée depuis la mort de Michel.
Michel, Michel, mon cher oncle, dont on parle au passé maintenant. Mais ce n'est pas vrai. Il n'a pas disparu, et quand mes verbes se conjuguent à l'imparfait, le temps du passé révolu, mon âme rejette âprement cette idée. Non, non, tu n'as pas pu mourir, parce que les êtres que j'aime sont immortels. Vous êtes tous immortels, et je suis égoïste, vous ne pouvez mourir sans mon autorisation. Alors, même si je retourne au cimetière, même si je vois ton nom, mon esprit refusera toujours ta mort. Tu n'es pas mort. S'il te plait, ne meurs jamais. Parce que, dans cette famille, tu sais à quel point nous sommes incapables de nous dire nos sentiments, incapables de prouver notre amour, mais moi je t'aime, et je ne veux pas que tu m'abandonnes, et je ne veux pas que P-A me laisse tomber, je ne veux pas que Lui s'en aille encore sans rien me dire, je ne veux pas que l'on me rejette, je ne veux pas finir seule, s'il te plait, s'il te plait, s'il te plait, s'il te plait, s'il te plait.
"Elle a sous ses baisers la peur de s'attacher."
Olivia Ruiz
Je ne veux pas leur laisser croire qu'ils peuvent m'abandonner, et je veux la chaleur de P-A dans mon lit, je veux sa douce odeur, je veux pleurer contre lui, je veux, je veux, je veux. La reine veut, sale égoïste de reine, sale jean-foustiste de reine, qui ne pense qu'à elle et son plaisir. P-A, P-A, je suis perdue, et l'homme que j'aime ne répond pas à mes suppliques, alors répond pour lui, aime moi.
Mais non. Non, le seul qui répond à mes demandes, le seul qui ne se formalise pas de mes "Moi, je", c'est mon meilleur ami, il boucle la boucle, infini, plus ou moins, peu importe. Infini, oui.
Je voudrais les appeler "Mes anges", leur faire comprendre à quel point ils comptent. Embrassez moi, tous. Même toi, qui a été mon ex, mon objet de courroux, même toi que je revois avec un mélange de gêne et de plaisir, parce que tu es gentil avec moi, et que finalement, j'aime ta douceur infinie, ta gentillesse candide, ton calme exemplaire. Les rythmes ternaires. Il faut en finir avec les rythmes ternaires. Il faut en finir avec les chef-d'oeuvres ! Anthonin le Mômo
En finir, oui, oui, oui. En finir avec ces figures de style ennuyeuses, en finir avec les accords qui me posent problème, en finir avec ces hommes trop doux, trop candides, trop contraires à moi qui m'aiment, et avec tous ces connards qui me ressemblent trop qui brisent mes espoirs. En finir avec Lui, puisqu'il ne donne plus de nouvelles. Ô, mon fantôme !
Lumière.
Tous en place.
Moteur.
Action.
En finir avec ces airs d'actrice, en finir avec les métaphores. En finir avec mon visage de poupée et ma façon d'appeler le sexe. Mais moi, je suis un vampire de sensualité. je suis un vampire de sentiments, et si je ne bois pas au cou de mes victimes, si je ne détruis plus personne, même plus moi sous ces fausses caresses amoureuses, je vais mourir. Je ne suis pas prête à me priver de sensualité, mais je grandis irrémédiablement, puisque je suis maintenant capable de repousser ceux que j'aime et à qui je ferais le plus de tort. Ô, parrain kharré, oui, je grandis et tu en paies les frais. N'aurais tu pas préféré te consumer dans mes bras ? N'aurais tu pas préféré découvrir ma sensualité, ma façon de bouger sous le plaisir, et de regarder dans le vide quand je me blesse autant que mon partenaire ? Doux parrain, doux jeune homme, doux être des forêts.
Mais sur le réseau endiablé, quand je me compare à une actrice, les "j'aime" déferlent, et m'enfoncent dans mes convictions. Parce que personne d'autre que lui ne sait lire dans le vide de mes yeux.