Il parait que je suis une sale hypocrite égoïste. Que je suis pire que ceux que je critique. Il parait.
C'est quelqu'un qui s'est permit de me disputer pour lui avoir dit bonjour, puis qui m'a supplié de lui donner un médicament, qui m'a dit ça.
Et moi, qui suis là comme une conne, je ne l'ai pas insultée une seule fois, je ne lui ai pas dit de "ferme ta gueule", "tu peux crever", "j'en ai rien à foutre", ni même de "Tu connais rien de ma vie". Je suis restée polie à rire de la situation. C'est un manque de respect il parait. Faut pas rire de nos malheurs quotidiens, c'est un manque de respect envers les gens. Notre liberté d'expression est un manque de respect.
Et moi, qui suis la comme une conne, j'en revenais qu'à moitié, en me disant que j'avais quand même été là, et que je voyais pas pourquoi elle s'est éloignée. Il parait que je suis pas une vraie amie.
J'en ai ri avec d'autres. Je sais que les gens vont prendre parti, lui surtout, et que ce ne sera pas pour moi.
Et moi, ça m'embête un peu, parce que je trouve pas d'allumettes, et que mon briquet est cassé, alors je peux pas aller fumer en attendant le verdict. Ju' m'a dit aussi que des fois, j'ai l'air de m'en foutre. En tirant une latte sur la clope d'un inconnu, je repense au temps ou je savais aider et répondre aux gens. Maintenant j'ai l'impression de dire des banalités et j'aime pas ça. Je sais pas trop aider les gens.
Je sais qu'il ne prendra pas parti pour moi, et je sais pas comment lui dire que je m'en fous en fait, de m'être fait engueulée. Moi ça me bouffais, son comportement, il fallait que je lui dise qu'elle devient fausse à force de malheurs accumulés, de faux-semblants et de mensonges. J'avais mal à la poitrine tellement elle me portait sur le système. J'avais besoin de me libérer, et tant pis si il préfère la soutenir, j'en avais assez d'être malade.
J'en avais assez de rien dire, pendant que je payais le prix de ceux qui profitent et n'ont jamais de retour des choses. J'en avais assez de bien me comporter et d'être punie pour les autres quand même, j'en avais assez de voir les autres privilégiés me cracher dessus. Il fallait que je vomisse un peu.
Il fallait que je répande du pétrole au sol, et que je jette ma cigarette dessus, en restant bien dessus. J'ai l'impression d'être cloîtrée, surveillée, emprisonnée, sous toutes ces affiches d'interdits, sous leurs conneries administratives et leurs non-sens. Il fallait que j'éclate contre une de ces conneries du système, et c'est tomber sur ceux qui profitent, qui mentent pour s'en sortir, sur les fraudeurs à qui on dit "C'est pas grave", il fallait que ça sorte, que j'éclate, parce que.
Parce que moi je suis une cocotte minute, je suis la bombe-A, je suis un obus de 75 déjà choqué, je suis prête à exploser n'importe quand, n'importe ou, pour n'importe quel détail minuscule, parce que j'ai trop encaissé.
Et puis, il faut bien avouer, faire des efforts pour des prunes, quand on voit les autres tout obtenir en couinant pendant les cours, à un moment, ça énerve.
Et on nous laisse pas respirer, le soir, quand l'air glacé et noir est coupé par les étoiles. On nous fait courir, fumer vite, aller, dépêche toi, il va être 20.00.
On nous laisse pas respirer quand on obéit au système. Mais j'ai pas envie d'être du bon coté et d'en profiter.
Il fallait que tout ça sorte.
à 14:18