J'ai la tête pleine d'hymnes. Le Français, bien sur, l'Anglais, l'Allemand, l'Hymne à la Joie...
Le 1er Juillet, en Somme, est vraiment une grande journée. Jamais je n'avais vu autant de gens aux commémorations, bien qu'ils soient autant de Français que d'Anglais. Je n'avais jamais vu autant de gens intéressés par le devoir de Souvenir.
Les belges australiens chantaient God save the Queen avec moi. J'ai croisé des Néo-Zélandais. Pour la première fois, j'ai vu un enfant qui avait l'air de vraiment s’intéresser à l'époque, et pas seulement aux armes. Les enfants sont des monstres.
Ouais, et moi, je pars bientôt. Mais j'ai la tête pleine des ombres de Pozières, de Laboiselle ou d'ailleurs. J'ai la tête pleine des morts que je n'ai pas connu, et M Drouin ne me répond pas. J'ai la tête toute pleine d'avant, d'une famille indescriptible, d'un ailleurs.
Alors viens, ma Soeur d'Âme, viens délicate demoiselle. Je vous emmène toutes les deux parce que vous m'êtes chères. Je vous emmène en un bivouac éternel, je vous emmène au loin, on ira à la mer, on regardera le soleil tomber dans l'immensité aqueuse, avec une bière dans la main, une clope aussi pour moi. Venez, si on remontait le temps ? Dites, dites, et vous, avez vous quoi que se soit à perdre ?
Venez, partons, et le monde retrouvera nos dépouilles dans un champs de coquelicots, quand nous passerons la Porte, dans si longtemps que nous deviendrons des légendes.
Et plus jamais, dans la nuit sombre, je ne m'enfuirai, la peur au ventre, les bruit de détonations dans le dos, mi aveugle, mi folle, à ne voir que la route parsemée de trous devant moi. Et encore, à ne la voir qu'à chaque bombe, quand celle-ci éclate. Plus jamais je ne tomberai.
Nous serons trois, nous serons belles, nous serons inaccessibles. Et nous nous serons une protection envers tout le mal de Terra.
Promis.