Je suis fatiguée. Trop fatiguée. Une nouvelle fois, mes nuits se peuplent de démons, une nouvelle fois, les heures s'écoulent lentement avant que le sommeil ne m'emporte, bien que je me décroche la mâchoire en baillant.
Je m'endors toute debout, ou toute assise en cours, parfois même en montant les escaliers. C'est amusant pour les autres, certes, mais pour moi, je pense que c'est dangereux. Les escaliers ne sont décemment pas un endroit ou s'endormir en marchant. Les cours se passent vite malgré moi, j'entends les gens parler, machinalement ma main écrit, n'importe quoi, certes, mais tout de même. Je ne suis jamais vraiment endormie, ni jamais vraiment réveillée.
Enfin, si, hier et vendredi, sur scène, j'étais réveillée, ou Dionysos l'était, je ne sais plus, un de nous, un de mes personnages, un de moi. Nous avons hurlé sur Pistétaïros, imploré Héraclès, maudit le Dieu Barbare ensemble, et ensemble, souriant, main dans la main avec Iris la rapide, ou Héraclès à la force herculéenne, ou le Dieu Barbare au nom à coucher dehors, ou peut être encore Evelpidés. Je ne sais plus, mais mon sourire fendait mon visage, et les applaudissements. Les applaudissements, reculer, voir saluer la première ligne, repasser devant.
Tout était si beau, dans la Cité des Oiseaux, quand j'étais un petit macareux, ou ce si puissant, si cruel, si jovial Dionysos !
Oui. Oui, quoi qu'on en dise, quelques soient nos commentaires désagréables tout au long de l'année, aucun de nous ne peut se passer de la scène. C'est pour ça que semaine après semaine, année après année, nous sommes toujours la, à donner nos répliques.
Et nous y resterons, par moi même, protecteur de l'art dramatique et du pinard !