Fais moi danser. Écris moi encore qui nous sommes. Rappelles moi comme se sera bien, loin, sur cette plage, avec les vagues jusqu'aux genoux. J'ai vraiment hâte de laisser mes mains à l'eau glacée.
Je porterai juste mon maillot noir, celui avec l'énorme fleur si délicate sur la hanche. Et j'entourerai ma poitrine et mes hanches de mon long paréo. J'attacherai mes cheveux d'une simple barrette, les longueurs voleront, les mèches plus courtes encadreront mon visage, ce sera beau.
Imagines ma peau si pâle sur le ciel bleu, imagine mes cheveux rendus roussâtres par le soleil trop chaud. Mes ongles poussent maintenant, depuis Cracovie, j'ai les doigts manucurés, les jambes fines et douces.
J'aimerai mourir dans les flots impétueux d'un océan inconnu. Laisser les vagues porter mon cadavre, doucement.
Je voudrais me laisser aller. Ne pas avoir à dire aussi méchamment que je
dois rentrer Madame, parce que sinon je déprime dans ma nouvelle chambre de merde, que je suis face à l'aile des garçons et que je sais qu'ils matent les filles qui se changent, que les douches sont sales et rouillées, que l'eau y est jaune, et que merde, je dors mal, je m'endors en cours, et ça ne va pas, aidez moi même si vous êtes une grosse conasse, me laissez pas Madame, parce que moi j'ai peur, et j'étouffe, et j'étouffe les gens sous mes mots et,et, et...
Et moi je ne pleure plus, les larmes ne sortent plus.
Alors je me coupe les cheveux, parce que c'est une autre forme de mutilation, alors je m'habille en fille parce que c'est une forme d'humiliation, alors je me coiffe parce que c'est un signe de féminité, donc de faiblesse, alors...
Mais dis moi ? Et si je te parlais de moi ?