Je suis revenue. La semaine est passée vite, trop vite. Pourtant, je n'ai pas dormi plus que nécessaire, puisque mes nuits duraient trois heures. Je n'ai pas gâché de temps en rêvant stupidement. Mais le temps a filé entre mes doigts, un peu trop vite pour que je contrôle le tout.
Et maintenant, ici, il fait chaud à crever, quand il y a cinq jours je portais encore trois T-shirts, une polaire, un sweater, un manteau, une écharpe en mode Al-Quaida, une capuche, des mitaines, un pantalon de toile résistant, des collants, des bas et des chaussettes de laines épaisses.
Je me sens nue avec mon simple T-shirt et ce pauvre pantalon léger. Et pourtant, le soleil brûle ma peau, bien plus vite que le froid.
Je suis à fleur de peau depuis qu'on est rentrés. J'avais envie de pleurer Samedi soir, je me suis retenue, et maintenant les larmes coulent pour tout et surtout pour rien. Je n'ai pas faim. Le temps ne passe plus. Je m'ennuie, je me met en colère, je pleure. Rien n'est normal. J'envoie les gens se faire voir pour un mot de travers. Je deviens méchante. Je dors dans toutes les matières scientifiques.
Et je m'en fous.
Parce que si je m'écoutais, j'irai vivre dans une pièce sombre, avec une fenêtre et de lourds rideaux de velours tirés, de quoi manger et écouter de la musique et un grand lit bateau. Et j'y resterai longtemps, très longtemps. Jusqu'à oublier qui je suis.
Je me ferai bien porter pâle...
Mais comment je vais aller au lycée, moi ?