Love me, Take me, Betray me, Leave me

-Ah, mais en fait, c'est moche un chrysanthème...
-Pourquoi, tu imaginais quoi ?
-Ben... J'sais pas, un truc aussi beau que le nom. Une sorte de lys très délicat et très blanc. Je suis gavé déçue."

Oui je parle comme une bordelaise depuis la colonie. Et je suis vraiment déçue. C'est quoi cette petite boule immonde de pétales fades ? Est-ce vraiment une fleur ? Et pourquoi lui donnez un nom aussi joli, alors qu'elle est si laide. Zut. En gros, ça ressemble vaguement à un pompon de pétales, ou à une vulgaire marguerite. Non, vraiment, la déception.
Je déposerais des lys sur la tombe de mes parents, pour leur remercier de toutes leurs luttes, quand ils mourront (dans très longtemps).

Oui, parce qu'ils en ont, des combats. De ces combats qu'on ne remarque même pas, car ils sont noyés dans la vie de tout les jours. Et aussi ces combats ou ils font quarante minutes de route, dans l'espoir que leur vie et la mienne soient meilleures. Vous savez, ce genre de grand élan de solidarité, quand tout le peuple mécontent sort dans la rue ? Les manifestations. Le bruit assourdissant, la masse compacte qui avance en criant, en parlant, en riant, les trompettes, la cornemuse, et tout ces rires d'enfants. Les CRS aussi, mais autant s'y habituer puisque nous vivons dans un pays ou la police est omniprésente, et la justice absente.

C'est dans ce genre de moment que je me sens complète. Avec les détonations et les cris devant moi, les fumigènes multicolores lancés par on ne sait pas qui, les chants et les slogans, les drapeaux aux couleurs des syndicats. C'est le meilleur moment au monde, mieux encore qu'un concert, mieux encore qu'une nuit d'amour.

Ma prof de Français nous fait disserter sur le Bonheur, et bien, au contraire de Madame du Châtelet qui soutient l'amour, au contraire de Voltaire qui prône luxe et luxure, et de Pascal qui appelle à la foi, mon bonheur, c'est la solidarité dans les cœurs, et la révolte à peine voilée.

Voila mon corps, voila ma pensée livrés pour vous.