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A ! Qu'est ce qu'on fait ?!

-Descends ! Mais sors, aller !

Ruade dans le couloir, puis dans l'escalier. Au fin fond de ma crise d'angoisse, je me dis "Okey, on est jeudi, 21.00, mais ce n'est qu'un entrainement.". La pionne a l'air affolé : "Aller ! Descendez, il y a vraiment le feu !". Je crois que je crie. Dans le couloir, je m'arrête. Les secondes sont encore dans leurs chambres. Je cours jusqu'au foyer, j'ouvre la porte à la volée. Il n'y a presque personne dehors et il fait froid.
Non... Attendez, on va revenir au tout début.

20.00, début de la permanence en chambre. Je m'acharne sur un pc, pour qu'il se connecte à ma session. L'alarme intrus se déclenche du coté des garçons. Après quelques minutes, tout va bien. Je retourne dans ma chambre, dépitée. Cette saloperie de windows à refuser de démarrer. Tant pis, pour ma recherche j'envoie un message à Maman. L'électricité se coupe pour la première fois. Entre les "Merde !" et autres "Putain, sa mère !" je pense "Nom de Dieu ! Cette putain de journée va vraiment tout nous réserver". Soit.
20.55, je reçois une réponse de Maman pour ma recherche. J'ouvre mon portable, lis la première ligne, quand l'alarme incendie se déclenche. Je soupire, attrape mon lecteur de MP3, saute dans mes chaussures, enfourne mon portable dans ma poche et... commence une crise d'angoisse. Je traverse ma chambre en deux pas, ouvre la porte à la volée. Les filles sont toujours la, tant mieux. Je coure vers la 114, ou Alison met un pull. A son ordre, je me rue dehors, en respirant fort.

Dehors il fait frais. On est seuls, dans la semi obscurité, la plupart en pyjama et pantoufles. Dieu merci, j'ai encore mes trois T-shirt et j'ai eu le temps de mettre mes baskets (l'avantage d'avoir des chaussures pré-lacées). Les pions font l'appel, ils nous disent qu'ils n'étaient pas au courant. Ha bon ? Ma mère m'appelle.
Par petit groupe, on parle, on envoie des sms à nos amis. Il parait que la nouvelle est même sur Facebook. Dans les discussions, on entend : "C'était fait exprès". "C'est E.". "C'est un suicide". "C'est les terminal qui ont éteint le feu".

En moins de cinq minutes, dans la cours de l'internat, se garent voitures de police, de pompier, et de samu. Les pompiers et le samu demandent si on a respiré des fumées nocives pendant que les policiers, la CPE, le proviseur adjoint et E. discutent à l'écart. E. vient, les mains dans les poches à son habitude, et nous demande "Z'auriez pas du feu ?" en brandissant deux cigarettes. Bien sur qu'on a tous du feu, la plupart des internes sont fumeurs. Et les rares (dont je fait partie) qui n'ont pas leur briquet l'ont oublié en évacuant. Les autres baissent les yeux, et murmurent "Non, désolé(e)".
Jusqu'à 21.35, nous sommes restés dehors, dans le froid et la nuit tombante, éclairés par un réverbère et les sirènes lumineuses du samu et des pompiers. Les garçons n'ont retrouvé leur aile qu'à 23.00. Et E. est reparti chez lui, pour ne pas revenir...

Comme quoi, parfois, dans les lycées de secteur pourris, il se passe des choses.
Ecrit par Lady M, le Dimanche 12 Septembre 2010, 18:30 dans la rubrique "Rien, Tout et ce qui en reste".