--> mais il est plus ou moins difficile à jouer.
Les sms... Je me déçois. Certes, ils me renvoient une appréciation flatteuse du rôle que je me suis donné. Mais je ne sais pas si j'y arriverais.
J'ai dit moi même que je souhaite me foutre en l'air, faire n'importe quoi avec n'importe qui. Mais quand je lis ces mots, ou les hommes ne s'intéressent qu'à mon corps et mes promesses, je me sens triste. Je leur donne un rôle qu'ils n'ont pas à tenir, je leur manque de respect au plus au point, et j'ai honte de moi. J'ai aussi honte de ce que mes mots/maux vont m'obliger à faire. Ce n'est pas à eux que je veux donner mon corps, et j'ai honte à en crever, parce que je ne veux pas leur montrer, mais que je ne peux plus dire non.
Ce pauvre petit corps scarifié et frais, qui n'a pas eu la chance d'être avec la bonne personne, ce corps que trop de personnes confondent avec un corps de poupée, ne mérite plus tout cela. Les lèvres et la poitrine en sang, même si ce n'est maintenant que des souvenirs, et les poignets abîmés, et les hanches déchirées, et le ventre écorché... Tout ces souvenirs de douleurs et de pleurs, que je n'ai pas mérité, mais que je m'inflige quand même. Je sais pourquoi je me puni, et je sais que les raisons sont vaines. Mais je m'en fiche, je ne sais plus pleurer mes amours avortées, j'ai besoin de les noyer dans le sang, j'ai besoin de me laisser emporter par elles.
Mes enfants ont disparus dans mon esprit, moi qui rêvais d'une petite Félicia et d'un petit Mathéo, moi qui ai eu peur de les tuer, je ne sais même plus imaginer les chairs de ma chair. Je suis seule (et pourtant pas tellement). Et j'aimerais revoir ma première Fille, et tous mes enfants avortés, je voudrais qu'on me jette à l'eau comme je ne sais plus le faire, je me dégoûte.
Le dégoût. J'ai beau me laver, j'ai le sentiment d'être encore sale de tout, j'ai beau manger je me sens vide, j'ai beau jeûner je me sens énorme, j'ai beau hurler je suis muette, enterrée en moi même. On m'avait bien dit que la Tour d'Ivoire était dangereuse, mais je me connais, je n'en ai fait qu'à ma tête, et maintenant j'étouffe sous trois mètres de terre fraîche, de dégoût et de peur. Les remords et les regrets fleurissent ma tombe, mon corps reste la poupée que j'ai toujours été, à l'extérieur, à par ma colère et mes tristesses de plus en plus fréquentes, rien ne montre que je vais mal.
Je vais mal ?
Non. Crève, meurs. Ma Peur ?
Je vais bien, je dois encore me voiler la face, je dois sourire, sourire à en mourir, sourire à avoir les joues déchirées et sanglantes, sanglantes de tout mes crimes contre moi et mes enfants. Je dois encore danser avec la légèreté de ceux qui vont bien, je dois encore chanter sans avoir la gorge nouée. Je vais tellement bien. J'ai un joli corps, on dirait une fragile poupée de porcelaine, quelle chance j'ai ! Ma vie est si belle, quelle chance j'ai ! Les hommes sont si gentils avec moi, ils sont si doux et galants, c'est bien normal que je m'offre en compensation.
PUTE !